Pour le mois de Février, nous avons choisi de parler de Marie, un talent venu de Bretagne.
Bonjour Marie, peux-tu te présenter rapidement pour nos lecteurs ?
Je m’appelle Marie Gravier. Je viens d’un peu partout en France. Je crois que j’ai arrêté de compter les déménagements au 15 ème. De la campagne normande profonde, à Bordeaux, Paris… Tous ces endroits explorés m’ont amené à choisir mon point de chute du moment : la magnifique Presqu’île de Crozon, logée au bout de la Bretagne.
J’ai toujours adoré comprendre comment les objets été construits et chercher le moyen de les réinventer en trouvant le meilleur moyen de faire cohabiter leur fonction et leur esthétique. J’ai tout d’abord fait mes armes dans le textile. Des vêtements, puis toutes les formes d’objets de décoration d’intérieurs impliquant du tissu me sont passés soit entre les doigts quand je les concevais, soit entre ma souris d’ordinateur et ma boîte mail quand je gérais leur développement pour une marque.
Mais il manquait quelque chose. Deux en fait : fabriquer de mes mains et trouver une matière où la liberté de création est immense. C’est alors qu'au détour d’un article de la feuille de choux de notre village, je découvre qu’un cours de poterie s’ouvrait à deux pas de la maison. Après le premier cours, j’ai dû tenir 45 min maximum avant de commander mon propre tour de potier. Le coup de foudre avec la terre avait eu lieu !
Comment travailles-tu, avec quel type de matériel, combien de temps ça te prend pour faire l'une de tes créations ?
Je travaille le Grès. Pourquoi ? Car j’ai trouvé dans cette terre le parfait compromis entre la solidité, pour fabriquer des pièces durables, et une texture brute et légèrement rugueuse sous la pulpe du doigt qui amène une esthétique à la pièce que j’aime tant.
En moyenne, il me faut 2 mois pour faire tout le processus de fabrication d’une pièce. Si un jour, vous tenez un de mes mugs, vous avez donc 60 jours de mon attention à vous faire la plus jolie céramique possible, glissée au creux de vos doigts. De quoi passer une jolie pause café, n’est-ce pas ?
Tout commence par le tournage, la pièce passe d’une boule de terre à sa forme quasi-définitive. Elle sèche quelques jours puis je la tournasse. C’est-à-dire que je la replace sur le tour et affine et lisse ses parois et son fond à l’aide de sorte de petits couteaux. Elle repart au séchage jusqu’à ce qu'elle ait assez de congénères pour que je lance un four. Après cette première cuisson à 980°C, elle est émaillée et repasse une ultime fois au four pour vitrifier cet émail.
C’est seulement à ce moment-là qu’elle apparaît pour vous, elle peut maintenant être vendue.
Qu'est-ce que ton savoir-faire apporte à une décoration d’intérieur ?
Dans mes créations, j’ai cherché à aller à l’essentiel. Un mug à une fonction : contenir votre délicieux thé ou café du matin. Comment répondre à cette fonction tout en vous apportant un objet beau pour votre quotidien ?
Déjà, prenez la forme : les parois pourraient être droites comme sur 99% des mugs, mais ici elles habillées de vaguelettes. Cette variation apporte deux aspects : elle fait de ce mug une pièce design et unique et elle permet à vos doigts d’avoir une prise en main parfaite et délicieuse, la chaleur de votre boisson venant envelopper délicatement vos mains au creux de ces ondulations.
Ensuite, prenez sa matière : la tasse est en Grès. Le grès sera donc mis au centre. Au contraire de le cacher derrière un émail coloré, sa couleur et sa texture son mise en avant de manière brute dans la partie basse de la pièce non émaillée et sublimées par un émail transparent sur les deux vaguelettes du haut.
Pour toi, quelles sont tes créations phares qui apportent un style bohème dans un intérieur ?
À cette question, accordez-moi le droit de tricher un peu : il n’y aura que deux pièces : le mug et le pichet. Qu’il n’y ait pas méprise, j’aime toutes les pièces de la collection. Mais ces deux-là ont quelque chose qui les distingue.
Le mug est l’expression la plus pure de ma recherche de beauté pour les banalités que sont les objets de notre quotidien. Qu’est-ce qu’il y a de plus banale qu’une tasse ? C’est l’objet que l’on oubli au fond de l’évier, c’est le mug imprimé d’une phrase rigolote reçu à Noël, mais que l’on ne lit même plus ... Et pourtant, on l’utilise tous les jours, il nous accompagne de notre maison à notre bureau. C’était donc l’objet le plus attrayant à concevoir.
Le pichet lui est la seule pièce avec une légère variation dans la régularité des vaguelettes de ces congénères : le bec verseur. Est-ce cette différence qui en fait une de mes pièces préférée ? Ou est-ce ces multiples usages possibles : pichet ou vase ? Il se transforme au grès de vos besoins. Je ne saurais dire.
Le vase, le saladier, les assiettes …. Chacune de ses pièces à des anecdotes. C’est toute la beauté de la fabrication artisanale, la richesse de l’histoire que ces céramiques cachent.
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